mercredi 3 octobre 2012

Troisieme jour

Au petit matin, je me suis leve, ai range mes affaires, suis alle me laver a la riviere et ai filtre de l'eau. J'avais hate de quitter cet endroit. Mais il m'a fallu quatre heures pour arriver a m'echapper car, des que j'ai explique la methode de desinfection de l'eau a un groupe de personnes, il fallait recommencer pour d'autres arrivants, meme apres avoir mis ca par ecrit. En plus, j'avais la nausee, comme lorsque je n'ai pas assez mange. Et en effet, mon dernier repas datait de hier midi. J'ai pris aussi le temps de manger. Ce n'est qu'a 9h30 que je suis reellement parti, c'est-a-dire lorsque le Soleil tapait deja fort. La nuit se faisait mechamment sentir et l'itineraire etait vallonne. Mon but etait Kenge, a environ 70 km de Kwango, mais je ne savais pas si j'y arriverais. Ce jour-la, j'ai mesure la necessite de s'imposer pour reussir un tel voyage, car a vouloir trop respecter les gens, je m'etais mis dans une situation difficile qui m'avait affaibli et fait perdre du temps de repos et de repas le jour precedent (je n'avais pas pu souper).
Mais petit a petit, les kilometres defilaient. La dure montee etait systematiquement recompensee par une longue descente rafraichissante. Je consommais quand meme beaucoup d'eau et, sans trouver un endroit ou je pourrais en filtrer, je devrais m'arreter. Comme je transpirais enormement, que ma langue semblait en carton et que j'avais la nausee, je me suis arrete pour prendre un motilium, une solution de deshydratation et pour manger des biscuits energetiques. Je me sentais un peu mieux apres ca.
Au Secteur Bukanga-Lonzo, la police m'a a nouveau arrete. Enfin... un gars en uniforme m'a invective avachi sur une chaise sous une paillotte a une trentaine de metres de la route et m'a dit de venir. J'aurais pu faire la sourde oreille. J'ai raconte a nouveau mon histoire a Madame le Commandant qui, sur le moment me semblait pas avoir la lumiere a tous les etages, car elle me posait des questions auxquelles j'avais deja repondu. Elle aussi voulait que je donne quelque chose. J'etais presse. Comme j'avais pris du savon de Kinshasa pour donner la ou il etait difficile de s'en procurer, je lui en ai propose et elle a accepte. Je suis reparti.
Apres quelques kilometres de montee en plein Soleil, je me suis arrete et j'ai commence a vomir. J'ai repris un motilium et une solution de rehydratation et j'ai vomi a nouveau peu apres. A ce stade-la, je ne faisais pas le malin. Je ne pouvais pas prendre de medicament, car je vomissais tout. Je ne pouvais pas manger, car je vomissais tout. Je ne pouvais pas boire, car je vomissais tout. Je savais que mon corps avait de la reserve pour tenir un rythme comme ca suffisamment longtemps pour qu'on me ramene a Kinshasa, mais ca devenait dangereux de continuer, principalement a cause de la deshydratation. J'ai abandonne.

Je suis retourne chez Madame le Commandant pour demander de l'aide. J'ai aussi appele Dubois pour lui dire que je rentrais. Il est venu me chercher. Je crois que c'etait le seul endroit sur mon trajet ou il n'y avait pas de reseau. Le telephone satellite a ete d'un grand secours. Et pouvoir appuyer sur un bouton pour lui envoyer mes coordonnees GPS sans devoir passer deux minutes a ecrire un sms en tentant de ne pas vomir sur le telephone m'a vraiment bien aide. Un infirmier est venu me voir et m'a injecte un truc jaune qui a stoppe les vomissements, m'a permis de prendre un anti-amibien et anti vomissements en comprimes et m'a redonne de la force. Pas tout de suite... j'ai eu le temps de croire que j'avais toutes les maladies tropicales, europeennes et peut-etre meme martiennes. Et si je n'ai quasiment pas eu la tourista, ce jour-la, ca sortait liquide. Madame le Commandant, que j'avais trouvee si peu convaincante au premier abord, s'est revelee etre quelqu'un de tres attentionne et de tres droit qui a pris soin de moi et n'a pas abuse de ma maladie pour obtenir quelque chose de moi. Mais comme j'avais decide d'abandonner, je lui ai laisse tout ce que j'avais prevu specifiquement pour ce voyage. Principalement de la nourriture, mais aussi quelques vetements et des pincettes, le savon que j'avais prevu de donner, les briquets pour allumer mon rechaud, la cordelette que je gardais pour les reparations,... Le medicament m'a permis d'etre suffisamment longtemps sur pied pour aller me laver et pour expliquer la methode de desinfection de l'eau.

Dubois, Tonton Bijou et Fils sont arrives peu apres le coucher du Soleil. Je terminais de demonter mon velo. Fils l'a charge dans le coffre de la voiture. J'ai achete un coca pour me rehydrater. J'ai promis de revenir. Et nous sommes partis. Le retour etait long. Tonton Bijou m'avait achete un croissant, mais j'ai difficilement pu avaler un quart. J'esperais vraiment arriver a ne pas etre trop malade pendant tout le trajet. J'ai juste tenu.

Nous sommes arrives a la maison vers 23h30. Mama Anto avait prepare une nourriture que j'aime beaucoup en temps normal. Mais voir du salami, du fromage et de la mayonnaise me donnait la nausee. Je n'ai pas mange et suis alle me coucher.

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