lundi 12 novembre 2012

Imprevus et vie sociale

Deux semaines apres le deces de Tonton Walker, il y a eu les palabres. C'est-a-dire l'heritage. On m'avait dit que traditionnellement, la famille du defunt reprenait toutes ses possessions (y compris la maison) et que sa femme et ses enfants devaient se debrouiller seuls. J'etais tres inquiet pour Tantine Mayi et ses enfants. Mais il semblerait que tout le monde ait ete raisonnable.

Nous pensions que la vie allait reprendre son cours normal avec ses nombreux petits imprevus gerables. Mama Anto etait tombee malade a la fin de ces deux semaines. Je pense que c'etait a cause du surmenage: en tant qu'ainee de la fratrie, c'est elle qui doit prendre le plus de responsabilites pour soutenir sa soeur Mayi. Mais quelques jours apres, un autre beau-frere est decede. Le hasard genere des amas, mais un amas comme celui-ci parait une malediction. Nous avons ete beaucoup moins disponibles. Il fallait que Mama Anto reprenne des forces. Elle sort quand meme d'un cancer et est toujours sous medication. Personnellement, je n'avais juste pas envie de participer, voyant le temps et l'energie que prenait un tel evenement. C'est egoiste, mais je crois aussi qu'on en fait trop ici, lorsqu'il s'agit de la vie sociale. Je sais que Tonton Bijou a beaucoup participe. La veuve est sa soeur nee juste avant lui.

Je tentais de me concentrer sur mes projets (j'ecrirai un post pour vous en parler aujourd'hui, si tout va bien, dans la semaine sinon), tout en ne sachant jamais quand quelque chose allait se passer, mais en tentant de les faire avancer un peu chaque jour. Je developpe mon reseau de contacts. J'essaie d'obtenir des informations. Et Tantine Irmine (la femme de Tonton Daniel, le vice-premier) m'invite a une pre-dote, c'est-a-dire a des fiancailles. Je n'ai pas pu refuser, meme si je sais que je me sens toujours mal dans les fetes avec beaucoup de monde et beaucoup de bruit, meme si j'en avais assez d'etre disponible en continu, meme si je ne voulais pas bloquer un jour dans mon emploi du temps. "C'est la famille" me dit-elle. Concretement: sa niece Gaelle se fiance. Mama Anto est sa soeur de coeur (et etre frere ou soeur de coeur ici est loin d'etre exclusif). Je suis le fils de coeur de Mama Anto. Donc en Suisse, je suis le cousin au deuxieme degre de coeur de coeur de Gaelle. Ici, je suis son frere. Donc je dois venir. C'etait tout de meme tres sympathique. J'ai rencontre des gens interessants. Et on n'est pas reste trop longtemps, car on etait avec Tonton Daniel qui devait defendre le budget du pays face aux deputes le surlendemain, donc etait surcharge et n'a pu passer qu'en coup de vent (c'est-a-dire entre deux et trois heures de presence).

Ces derniers temps, une image me revient souvent. Pour la comprendre, il faut connaitre Minus et Cortex, ainsi que les Schtroumpfs. Voici cette image. Je suis Cortex, froid et calculateur. Minus me demande: "Qu'est-ce qu'on va faire ce soir, Cortex?" et alors que je veux repondre "Comme tous les soirs, Minus: tenter de conquerir le monde!" un Schtroumpf me coupe la parole pour dire, en sautillant, "On va faire une petite fete-euh, on va faire une petite fete-euh!"

Je ne suis pas d'un naturel festif. Je pourrais meme dire que moins il y a de fetes, mieux je me porte. Je prefere realiser quelque chose qui me tient a coeur. Mais ici, il y a tout le temps des fetes. On m'a souvent dit que j'etais quelqu'un qui se sentirait bien en Afrique, car je sais prendre le temps. Mais c'est une image biaisee. S'il est vrai que les gens ici savent prendre le temps, ils en ont a revendre, car les imprevus empechent de planifier trop de choses, et on est souvent au chomage technique. Donc prendre le temps lorsqu'il n'y a rien a faire est simplement normal. Travailler lentement lorsque l'on sait que si on finit le travail trop vite, on devra attendre, c'est sense. Mais savoir prendre le temps tout en etant efficace, c'est une dynamique totalement differente.

Je critique beaucoup, la. Mais rassurez-vous: ce n'est pas ainsi dans l'absolu. Il y a des betes de travail. Des gens qui ne s'arretent jamais, qui sont hyper efficaces. Simplement, il y a certaines choses qui me frappent, car on ne les accepterait pas en Suisse. Et meme si elles sont minoritaires, ce sont celles-la qui me semblent valoir la peine d'etre racontees. Vous en auriez quelque chose a faire, de savoir qu'ici, les gens mangent aussi? Qu'ils dorment aussi la nuit? Qu'ils se lavent aussi? Prenez mes critiques avec du recul, car ce ne sont pas des critiques objectives. Je suis sciemment subjectif.

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